Ma voiture est née en Slovaquie et moi je vais peut-être mourir à Bucarest...

Publié le par Christophe

EHPAD

 

La CEE est un mal qui nous ronge à petit feu. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître il y a des domaines inattendus au sein desquels les peuples Européens peuvent y trouver des avantages. Un exemple qui nous vient d'Allemagne pourrait peut-être un jour s'appliquer aux Français... Depuis des années, l’Allemagne est confrontée à une dénatalité record. L’Allemagne vieillit, le pays manque de personnels qualifiés pour s’occuper de ses retraités, et les maisons spécialisées coûtent cher. Désormais, les familles « délocalisent » leurs « vieux » dans des pays où leur prise en charge est moins onéreuse. Ainsi un pays comme la Slovaquie ne se contentera plus de donner naissance à nos voitures mais il accompagnera aussi les anciens vers la mort...

 

 

Dénatalité et vieillissement

 

20% des Allemandes de l’Ouest nées entre 1960 et 1964 n’ont pas d’enfant, 22% n’en ont qu’un. Et la probabilité d’être sans descendance augmente fortement avec le niveau d’études. « Un quart des diplômées de l’enseignement supérieur n’ont pas d’enfant », résume Christian Schmidt, chercheur à l’institut économique berlinois DIW, « alors que ce pourcentage n’est que de 15% chez celles qui se sont arrêtées au bac ».

http://www.liberation.fr/monde/2012/11/12/l-allemagne-a-le-mal-de-meres_859923

Le phénomène inquiète Berlin, dans un contexte de rigueur et de réduction des dépenses publiques. Car ce sont précisément les femmes les plus aisées qui ne font pas d’enfant, alors que le nombre de jeunes vivant dans un foyer pauvre, qui dépend donc des prestations sociales, ne cesse, lui, d’augmenter. Le pays ne compte que huit naissances pour 1 000 habitants, le taux le plus bas au monde. En 2011, un nouveau record a été atteint, avec 663 000 naissances, 15 000 de moins qu’en 2010. Comme chaque année depuis 1972, le solde de la natalité a été négatif, avec 852 000 décès. Seule l’immigration a permis à la population allemande de se maintenir. A long terme, l’Allemagne ne devrait plus compter que 65 à 70 millions d’habitants, au lieu de 81,5 millions l’an passé.

 

 

Une politique familiale contrasté

 

Cette hausse discrète du taux de fécondité est pour l’instant le seul effet positif de la politique familiale coûteuse mise en place par étapes après l’ère Helmut Kohl, à la fin des années 1990, remplaçant celle héritée de l’époque de la guerre froide.

Avec un budget de 195 milliards d’euros par an, la politique familiale allemande est aujourd’hui l’une des plus coûteuses au monde. Elle aligne quelque 160 mesures supposées encourager la natalité, parmi lesquelles un très généreux salaire parental (60% du salaire, plafonné à 1 800 euros versés pendant douze ou quatorze mois après la naissance d’un enfant) et des allocations familiales de 250 euros par enfant et par mois. Toutefois, ces mesures sont parfois contradictoires, effet du jeu compliqué des coalitions au pouvoir à Berlin.

Le gouvernement soutient le développement des modes de garde pour les jeunes enfants (chaque famille pourra exiger une place en crèche à partir de l’été 2013). Mais il instaure aussi une "prime aux fourneaux" (250 euros par mois s’ajoutant aux allocations familiales pour les mères au foyer) dont le coût élevé freinera la construction de nouvelles crèches…

La grande majorité des Allemandes sont pour la plupart persuadées que le meilleur mode de garde pour un enfant de moins de 3 ans est de rester exclusivement avec sa mère ou sa grand-mère, comme autrefois. Pourtant, les jeunes diplômées ne sont plus prêtes à faire les sacrifices consentis par leurs propres mères.

 

 

Délocalisation d'aïeuls

 

Beaucoup de très âgés retraités Allemands ne le savent pas « grâce » à la perte des facultés mais s'ils pouvaient sortir de leur établissement, il ne reconnaîtraient pas leur Allemagne, et pour cause ils sont en Slovaquie ou ailleurs ! En Allemagne, pour eux, une maison médicalisée aurait été trop chère.

http://www.welt.de/print/wams/wirtschaft/article110319317/Oma-wohnt-jetzt-in-der-Slowakei.html

Leur famille a opté pour une maison de soins située à l’étranger. Dans des pays comme la Slovaquie, la République tchèque, la Pologne ou la Hongrie, mais aussi l’Espagne ou la Thaïlande, le nombre de structures spécialisées dans la prise en charge de clients d’Europe de l’Ouest est en augmentation, et il arrive même qu’elles soient administrées par des Allemands. Elles ont en commun de proposer des soins plus abordables que les structures allemandes ou il faut compter pour une assistance 24h/24 près de 2 900 € contre 1100 en Slovaquie.

Les retraites stagnent et le nombre de personnes dépendantes grimpe en flèche parmi les bénéficiaires de l’aide sociale. Le nombre de personnes ayant obtenu l’aide aux soins, une forme de prestation sociale, est passé en 2010 de 392 000 à 411 000. L’état peut mettre les enfants à contribution et leur faire supporter une partie du coût de prise en charge. Résultat : les enfants se tournent souvent vers l’Europe de l’Est.

 

 

Quel sera l'avenir ?

 

A l’horizon 2050, un Allemand sur 15 devrait se retrouver en situation de dépendance, selon les prévisions. Quand la Slovaquie ne sera plus assez rentable pour construire des voitures, elle pourra toujours organiser des voyages, le « dernier voyage » des retraités Allemands...

L'autre jour j'ai vu un reportage dans lequel on montrait des étudiants Français faire « médecine » à Bucarest en Roumanie. Leurs études y sont beaucoup moins chères qu'en France, l'enseignement est de grande qualité et les professeurs parlent un français impeccable comme beaucoup de Roumains.

Alors pourquoi pas des maisons de retraites pour Français en Roumanie ! Si je n'arrive pas à m'échapper des griffes de mes enfants à temps, je vais peut-être mourir à Bucarest... Mourir là bas n'est pas une punition. Mais mourir en établissement ici où là bas c'est une torture.

 

 

chris

Publié dans Enquête

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