Normal 1er en Russie, Poutine et De Gaulle

Publié le par Christophe

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Le voyage de Normal 1er en Russie est pour moi l'occasion de sortir un texte d'Alexandre Latsa, français expatrié en Russie (peut-être comme moi un jour). L'auteur qui vit en Russie et qui connait la France se montre réaliste. N'en déplaise à la bien-pensance pro-européenne qui veut faire de Poutine un dictateur et de l'Europe un paradis, il fait une comparaison entre la Russie redressée par Poutine en 10 ans et le déclin de la France de Normal 1er tout en évoquant la période De Gaulle et la splendeur passée de notre pays. Je ne vois rien de plus à ajouter si ce n'est que la rencontre entre Poutine et Normal 1er c'est comme le boss qui reçoit le looser...  

   
Réflexions sur la « Russie de Poutine » et la « France sans De Gaulle » par Alexandre Latsa
   
Размышления о «России Путина» и «Франции без де Голля» - Александра Латсы 
Русскую версию можно прочитать Здесь
 
 
Début 2002, un clip avait fait relativement parlé de lui durant la campagne présidentielle russe. Un trio de jeunes filles intitulé Поющие Вместе (littéralement Chantant ensemble) avait en effet interprété un titre intitulé : Je veux un homme comme Poutine (Takogo, kak Putin).
 
La chanson se voulait une ode au président russe et aux vertus que celui-ci représentait en tant que président mais aussi et surtout en tant qu’homme. Certes Vladimir Poutine n’avait pas à l’époque affirmé son image autant qu’aujourd’hui 10 ans plus tard mais celui-ci avait déjà exprimé son image d’homme fort et de dirigeant à poigne.
 
Il y a 10 ans la Russie sortait de 11 ans de désintégration post-soviétique, de 11 ans d’anarchie politico-sociale et de règne des mafias, d’une crise financière et d’une banqueroute de l’Etat (en 1998) mais aussi d’une crise morale et sanitaire sans précédent. La Russie s’était retrouvée au bord de l’implosion et beaucoup, tant Russes qu’étrangers, avaient pensé que le pays n’y survivrait pas. Le très célèbre Atlantic magazine avait même dramatiquement annoncé en mai 2001 la disparition de la Russie dans les prochaines années. Pourtant, au cœur du pays, des forces travaillaient à ce que la Russie ne disparaisse pas, un souhait que la majorité des citoyens russes partageaient bien évidemment.
 
10 ans plus tard la Russie affiche un tableau de bord plus que correct et que peu avaient prévu. La situation démographique y est rétablie et la tragique croix russe (faible natalité et forte mortalité) inversée pour la première fois depuis 1991. L’assainissement des finances publiques et de l’économie russe est confirmé après 10 ans de forte croissance économique et de gouvernance stable et sans alternance, permettant la réalisation de reformes sur la durée. Le pays est aujourd’hui l’un des moins endetté de la planète et l’un de ceux qui a le plus de réserves financières, le taux de chômage y est très bas et le revenu par habitant augmente, tout comme le moral des citoyens.
La Russie est devenue une grosse PME bien gérée
 
Il y a 10 ans, le clip (Takogo, kak Putin) avait suscité beaucoup de moqueries des médias français qui commençaient tout juste leur campagne de diffamation de la gouvernance russe (elle dure depuis) en dénonçant l’apparition d’un culte de la personnalité, ombre de la dictature. A l’époque l’Euro venait d’être mis en circulation, la France et les Français vivaient l’ascenseur européen et on leur avait juré que tout irait bien, que l’Europe allait garantir leur avenir, la paix (lire à ce sujet cet excellent article de mon collègue Laurent Brayard) et aussi la sécurité.
10 ans plus tard, il est pourtant inévitable de constater que la situation en France s’est aggravée à un tel point que les dissimulations statistiques de l’Etat ne servent plus à rien. L’Etat est ruiné et sa dette a été évaluée à la fin du troisième trimestre 2012 à 1 818,1 milliards d'euros, soit 90 % du PIB, contre 663,5 milliards d'euros fin 1995, (55,5 % du PIB). Près de 30 % des actifs (9 millions de personnes) ne travaillent pas à temps plein et les soldats sont désormais désarmés lorsque le président visite des casernes, preuve que la situation sociale s’électrise fortement.
La France est devenue une moyenne PME très mal gérée.
 
Comment être surpris d’apprendre récemment que les français sont 64 % à être mécontent de la situation ? Je profite au passage de montrer la perfidie de certains médias qui dans le même temps titrent ces jours-ci sur la chute de popularité du président Poutine. Celui-ci serait à son niveau le plus bas depuis 2000 : seulement 62 % des sondés seraient satisfait du travail du président, les lecteurs français apprécieront le « seulement » j’en suis certain.
Comment être surpris également que la société française montre des signes de « crispations alarmantes » ? Le Monde peut faire semblant de s’effrayer mais regardons en détails ces sondages et tentons d’en comprendre le sens profond:
- 89 % des sondés pensent que la France décline.
- 87 % des sondés pensent que la France a besoin d’un vrai chef d’Etat.
- 86 % des sondés pensent que l’autorité est une valeur trop critiquée aujourd’hui.
- 72 % des sondés trouvent que le système démocratique fonctionne mal en France.
- 60 % des sondés voient la mondialisation comme une menace et souhaitent que le pays se protège.
 
Résumons : les Français veulent un vrai chef d’Etat, qui restaure un peu d’ordre et d’autorité, et qui protège la France contre les dangers de la globalisation. Bref il faut être clair : un nouveau général De Gaulle ! On pourrait du reste même comparer le souhait des français de 2012 avec celui des russes en 2002.
 
Mais si les premiers ont volontairement chassé De Gaulle, les seconds sont pour l’instant visiblement assez sages pour garder Poutine, l’avenir proche dira s’ils ont eu raison ou pas…
 
chris

Publié dans Revue de presse

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